Chénopolis

 

Chénopode (épinard sauvage), carton plume, mousse synthétique, 2010.

Exposition Les pierres rouges, La Minoterie, Mont de Marsan.

Entre le Peyrouat et l’avenue Rozanoff, une vaste friche, véritable lieu de passage quotidien, recèle une vraie richesse botanique. Pendant ma résidence dans le quartier, j’y ai inventorié plus d’une centaine d’espèces de plantes sauvages. Ici il s’agit d’un chénopode (« l’épinard du pauvre »), très commun sur les trottoirs et dans les délaissés. Il est comestible et médicinal, comme la plupart des « mauvaises herbes ». Sa feuille a la forme d’une patte d’oie, d’où son nom tiré du grec. Celui-ci a été cueilli déjà sec dans cette friche et présente des dimensions impressionnantes. On dirait presque un arbre.

Habituellement, les plantes sauvages poussent dans les interstices de l’espace urbain. Ici le rapport s’inverse : c’est une plante sauvage (gigantesque) qui accueille l’urbanisation. Une ville minuscule s’est implantée sur ses branches élancées et fragiles, défiant la pesanteur. Les maisons, à la fois identiques et uniques sont tantôt rassemblées tantôt isolées. Jeu sur les dimensions et rêverie sur la faculté qu’a la ville de conquérir des espaces improbables, Chénopolis est une très petite utopie dans laquelle l’architecture ne détruit pas le contexte naturel mais s’y adapte avec simplicité.

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