Les arbres du Peyrouat

 

Série de 40 photographies, 10 tirages contrecollés de 60 x 90 cm, 2010.

Expositions Les pierres rouges, Minoterie, Mont de Marsan (résidence Mutations d’office), Nectar, Médiatèque de Morcenx, La troisième forêt, CDDP des Landes, Grenade sur l’Adour.

Cette série de prises de vues m’a amené à arpenter le quartier d’une manière singulière, en portant un regard nouveau sur les arbres « remarquables » de cette partie de la ville, qu’on finit par ne plus voir. Les essences sont nombreuses et certains de ces arbres étaient probablement déjà là avant la construction des bâtiments dans les années 60. Ils sont porteurs d’une mémoire des lieux et constituent un patrimoine arboricole important.

Cadrés systématiquement de manière centrale et frontale, ils apparaissent comme des personnages ou des monuments vivants. Entre une lointaine évocation des paysages du peintre Claude Lorrain et un souvenir du respect des Japonais pour leurs arbres vénérables, cette série est aussi un humble clin d’œil à la rigueur des séries photographiques de Bernd et Hilla Becher. Elle tente de donner à voir autrement la richesse d’un cadre naturel commun, qui pourrait être considéré comme un troisième genre de forêt, dans la ville, dont la continuité se formerait dans le regard du promeneur. Ces arbres, dont la calme et lente croissance accompagne nos vies, peuvent en toute circonstance offrir un support à nos rêveries les plus personnelles.

Ces photographies ont aussi constitué l’exposition La troisième forêt :

« Dans les traités de jardinage anciens, on distinguait trois natures : la première, sauvage, la seconde, agricole, la troisième jardinée. Le paysagiste Gilles Clément, quant à lui, désigne par le terme « tiers-paysage » (en référence au tiers-état) les espaces naturels délaissés, riches de biodiversité.

Dans le même esprit, nous pourrions compter trois types de forêts : la forêt primaire, non modifiée par l’homme (encore présente dans les Landes), mais en voie de disparition à l’échelle planétaire, et recélant une précieuse diversité du vivant, dont nous ne connaissons qu’une petite partie ; la forêt secondaire ensuite, plantée ou gérée par l’homme, très importante tant pour l’oxygène qu’elle produit que pour la vie qu’elle abrite ; et puis il y a les villes…

Une ville comme Paris compte, outre ses parcs, plus de 100 000 arbres d’alignement et 160 espèces différentes. Les arbres jalonnent la ville, l’embellissent, racontent son histoire et interagissent avec nous. Pourquoi ne pas considérer les villes comme de vastes domaines arboricoles dont les habitations seraient autant de biotopes, le tout formant des écosystèmes riches, cessant d’opposer vainement nature et culture ?

Ce serait cette troisième forêt, fragmentaire, plus éparse que les deux précédentes. Son unité se constitue dans le regard du promeneur. Elle joue dans nos vies un rôle écologique, social, historique, topographique, poétique… »

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